Facing desocialization : resilience and reconstitition of nocturnal festivities in times of pandemic in the Berlin migrant techno community.
Résumé
How to estimate the losses in the club culture sector in Berlin due to the pandemic? Kai Sachse, the project manager of the Club Commission, answered this question for the academic review Allemagne d’Aujourd’hui, saying that the losses were not so much economic as social. In my ethnographic study of the audience of Berghain’s regulars, a techno club that has become a symbol of the new Berlin (Robin, 2021), I showed how the night and the club scene create a sense of community for migrants. The audience included a high proportion of expatriates from all over the world, especially from the LGBTQIA community and gender minorities, EU- and non-EU migrants, people from Asia and the Middle East, political refugees… This cultural diversity underlines the central role of these heterotopias for the construction of identities and a sense of cultural belonging uniting these migrants with very different migration backgrounds throughout the nightlife. However, since the beginning of the pandemic, these clubs have remained closed, and the spaces for socialization have been restrained or even disappeared. How did these migrant communities in Berlin recover during the health crisis? In which spaces did nightlife reorganise itself? We hypothesize that the health restrictions and the limitation or interdiction of Tanzlustbarkeiten – a German term literally translated as “dancing festivities” – have led migrants, faced with the risk of de-socialization and the deterioration of mental health, to organize themselves and to take back control of the night by investing new festive spaces, sometimes legal (open air under the auspices of the Draussenstadt programme launched by the Senate of Berlin) and sometimes illegal (clandestine raves). This ethnographic study will consist in questioning the vectors of resociabilization through the night and will be based on surveys (interviews of about twenty actors of the scene with a migrant identity: public, artists, founders of collectives…).
Comment évaluer les pertes dues à la pandémie dans le secteur de la culture club à Berlin ? Kai Sachse, chef de projet de la Commission des clubs, répond à cette question pour la revue universitaire Allemagne d'Aujourd'hui, en affirmant que les pertes n'étaient pas tant économiques que sociales. Mon étude ethnographique du public des habitués du Berghain, un club techno devenu un symbole du nouveau Berlin (Robin, 2021) tendait à démontrer comment la nuit et la scène techno créent un sentiment de communauté pour les migrants. Le public des clubs techno - comme le montre tout particulièrement l'exemple du Berghain - comprend une forte proportion d'expatriés du monde entier, notamment de la communauté LGBTQIA et des minorités de genre, des migrants de l'UE et hors UE, des personnes d'Asie et du Moyen-Orient, des réfugiés politiques... Cette diversité culturelle souligne le rôle central de ces hétérotopies pour la construction des identités et le sentiment d'appartenance culturelle unissant dans la vie nocturne ces migrants aux parcours migratoires variés. Cependant, depuis le début de la pandémie, ces clubs sont restés fermés, et les espaces de socialisation ont été restreints, voire ont disparu. Comment ces communautés de migrants à Berlin se sont-elles rétablies pendant la crise sanitaire ? Dans quels espaces la vie nocturne s'est-elle réorganisée ? Nous faisons l'hypothèse que les restrictions sanitaires et la limitation ou l'interdiction des Tanzlustbarkeiten - terme allemand traduit littéralement par " fêtes dansantes " - ont conduit les migrants, face au risque de désocialisation et de dégradation de la santé mentale, à s'organiser et à reprendre le contrôle de la nuit en investissant de nouveaux espaces festifs, tantôt légaux (open air sous l'égide du programme Draussenstadt lancé par le Sénat de Berlin), tantôt illégaux (raves clandestines). Cette étude ethnographique consistera à interroger les vecteurs de resociabilisation par la nuit et s'appuiera sur des enquêtes (entretiens d'une vingtaine d'acteurs de la scène à identité migrante : public, artistes, fondateurs de collectifs...).