Résumé : Dans L'interprétation des rêves, Freud écrit comment, enfant, il a été violemment témoin de l'injure faite à son père et de son humiliation : « J'arrive enfin à l'événement de ma jeunesse qui agit encore aujourd'hui sur tous ces sentiments et tous ces rêves. Je devais avoir dix ou douze ans quand mon père commença à m'emmener dans ses promenades et à avoir avec moi des conversations sur ses opinions et sur les choses en général. Un jour, pour me montrer combien mon temps était meilleur que le sien, il me raconta le fait suivant : "Une fois, quand j'étais jeune, dans le pays où tu es né, je suis sorti dans la rue un samedi, bien habillé et avec un bonnet de fourrure tout neuf. Un chrétien survint ; d'un coup il envoya mon bonnet dans la boue en criant : « Juif, descends du trottoir !"-"Et qu'est-ce que tu as fait ?"-"J'ai ramassé mon bonnet", dit mon père avec résignation. Cela ne m'avait pas semblé héroïque de la part de cet homme grand et fort qui me tenait par la main. À cette scène qui me déplaisait, j'en opposais une autre, bien plus conforme à mes sentiments, la scène où Hamilcar fait jurer à son fils, devant son autel domestique, qu'il se vengera des Romains. Depuis lors Annibal tint une grande place dans mes fantasmes