Le latin, « lien des savans » (Comenius) ou quelle est la langue du cosmopolite dans l’Europe de la République des Lettres (XVIe-XVIIe siècle) ? - Université Paris Cité Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2015

Le latin, « lien des savans » (Comenius) ou quelle est la langue du cosmopolite dans l’Europe de la République des Lettres (XVIe-XVIIe siècle) ?

Fabien Simon
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 752666
  • IdHAL : fabiensimon

Résumé

Fabien SIMON examine le fonctionnement de la « République des lettres » dans l’Europe des XVIe et XVIIe siècles : issus de ce milieu international et cosmopolite des lettrés européens, nombre de textes de cette époque, et les gravures qui les illustrent, se proposent « d’aider à surmonter la malédiction de Babel, en facilitant la rencontre entre étrangers », une rencontre jugée possible grâce au recours à une langue universelle, comprise de tous, alternative possible à la souhaitable mais impossible pratique de toutes les langues illustrée à travers le thème de la Pentecôte, mythe inverse de celui de Babel. C’est bien sûr le latin, vu comme « une synthèse entre les langues orientales et occidentales », langue morte en même temps que vivante, plutôt que l’hébreu, le grec ou d’autres langues indo-européennes comme le persan, le russe, l’allemand ou le français, qui apparaît, aux yeux du jésuite Pierre Besnier auteur en 1674 d’une « Réunion des langues », comme la seule véritable lingua franca à l’échelle de la République des lettres européenne. Une langue qu’il convient d’apprendre en se basant sur une pédagogie rénovée qui tient compte, comme le souligne en 1654 l’anglais Samuel. Hartlib, du « décalage entre le latin livresque, des grammaires, et celui de la pratique ». Ainsi étudié, le latin reste, comme le voulait déjà Amos Comenius dans sa « Porte des langues » de 1631, une clé d’accès à un « apprentissage universel, et plus particulièrement des langues érudites » ; cessant d’« être à l’usage d’une seule nation », la langue latine « est devenue celle de l’Europe entière : renfermée dans les écoles, elle est devenue le lien des savants et le moyen de communiquer la science». Pour faciliter encore l’apprentissage du latin au-delà des cercles érudits, et ce avec une très grande rapidité, le père Philippe Labbé, un autre jésuite, propose en 1663, à travers sa « Grammaire universelle des missions et du commerce » une langue nouvelle, sorte de « proto-esperanto… mélange de langues européennes, s’appuyant… sur un latin simplifié, mâtiné de français, et avec une grammaire réduite ». Dans le contexte de la polémique opposant les Jésuites aux Jansénistes, ces propositions du père Labbé visent, en remettant à l’honneur une pratique généralisée du latin et en dénonçant « les abus de la secte des hellénistes de Port-Royal », à favoriser l’expansion missionnaire et l’influence de Rome.
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Citer

Fabien Simon. Le latin, « lien des savans » (Comenius) ou quelle est la langue du cosmopolite dans l’Europe de la République des Lettres (XVIe-XVIIe siècle) ?. Être citoyen du monde. Entre destruction et reconstruction du monde : les enfants de Babel XIVe-XXIe siècles, 2, Université Paris Diderot, 2015, ISBN 978-2-7442-0198-1. ⟨hal-01291313⟩
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