Coexistence et réseaux de relations à Majorque vers 1400 à travers le témoignage des marchands florentins - Université Paris Cité Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2015

Coexistence et réseaux de relations à Majorque vers 1400 à travers le témoignage des marchands florentins

Résumé

À travers l’exemple de Majorque, Ingrid HOUSSAYE-MICHIENZI analyse comment se constitue jusqu’à la fin du XIVe siècle un grand centre d’échanges internationaux. « Escale des circuits de navigation en Méditerranée et notamment des convois de galées vénitiennes se rendant en Flandre ou en revenant, l’île était également le point de convergence d’un intense trafic mené à une échelle plus locale entre l’île Baléare, les côtes africaines et les côtes ibériques ». Dans la ville de Ciutat (l’actuelle Palma), dont les enceintes successives retracent la croissance au fil des siècles, l’activité commerciale se concentre dans les trois paroisses les plus proches de la mer. Dans celle de Santa Eulalia, le quartier juif côtoie la citadelle du Temple où se succèdent Templiers puis Hospitaliers, ainsi que le centre religieux catholique (cathédrale, palais épiscopal) et le centre administratif, avec la Casa de la juraria, siège du gouvernement de la ville et de l’île. Santa Cruz à l’ouest est la paroisse de prédilection des marchands : près des quais se trouvent, outre les arsenaux et les entrepôts, le consulat de la mer et le collège des marchands ; au début du XIVe siècle, le fondech de sarraïns avait accueilli des ambassades nord-africaines. Au milieu du XIVe siècle, parmi les 15000 à 18000 habitants de la ville, on compte une forte minorité juive (de 12% à 20% de la population, selon les évaluations) dotée d’une organisation communautaire, alors que les musulmans qui n’en ont aucune sont traités en marginaux. Regroupés dans des quartiers séparés, les calls, autour de synagogues où ils célèbrent leur culte, les juifs s’adonnent non seulement au commerce, mais sont médecins, orfèvres, cartographes… Ce bel équilibre, qui dure plus de 150 ans, est brutalement rompu par les pogroms d’août 1391 : issus de populations extérieures à l’espace intra-muros, les émeutiers saccagent le call, massacrent une partie de la population et forcent les survivants à accepter le baptême, suscitant une forte émigration juive en direction du Maghreb ou du Portugal. Mais dès octobre 1391, la fuite hors de l’île est interdite et sévèrement punie, les familles juives sont sommées de se convertir sous peine de mort et de prendre des noms chrétiens. Au cours des années suivantes, les conversos, réunis dans la confraternité de San Miquel, sont soumis à un sévère régime de ségrégation, qui préfigure la désintégration du judaïsme à la fin du XVe siècle sous l’effet de l’Inquisition puis de l’expulsion décrétée en 1492 par les Rois Catholiques.

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Dates et versions

hal-03485318 , version 1 (01-02-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03485318 , version 1

Citer

Ingrid Houssaye Michienzi. Coexistence et réseaux de relations à Majorque vers 1400 à travers le témoignage des marchands florentins. M.-L. Pelus-Kaplan; A.-M. Bernon-Gerth; L. Crips; N. Gabriel. Être citoyen du monde n°2. Entre destruction et reconstruction du monde : les enfants de Babel (XIVe-XXIe siècles), Université Paris Diderot, pp.27-45, 2015. ⟨hal-03485318⟩
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